Publié le 26/06/2024

Article Conférence – Institut Imagine

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Conférence – Institut Imagine

Mardi 11 juin, Valumen a eu le privilège d’assister à la conférence « Le pouvoir du système immunitaire : 30 ans de recherche en génétique des maladies infectieuses » organisée par l’Institut Imagine à l’attention de son « Cercle des amis ». Les intervenants Jean-Laurent Casanova, Professeur et Directeur du laboratoire franco-américain (Institut Imagine et Université Rockefeller à New York) de génétique humaine des maladies infectieuses et Emmanuelle JouanguyDirecteur de recherche dans ce même laboratoire, nous ont éclairés sur les avancées majeures en immunologie et en génétique.

Histoire des mutations génétiques et tuberculose

Pour introduire cette conférence, Jean-Laurent Casanova évoque l’évolution des théories scientifiques dans le temps et l’impact de la recherche sur les maladies infectieuses. Il explique que l’espérance de vie à la naissance de l’espèce humaine est de 20 ans depuis environ 300 000 ans. Cela est dû au fait que les enfants, les adolescents et les jeunes adultes meurent de fièvres.

Deux théories coexistent alors : la première repose sur le concept de la « prédestinée ». La personne est de nature plus faible. La seconde explique que ces fièvres sont liées à des contagions par des « miasmes ».

Ce débat est tranché en 1867 par Pasteur avec la théorie microbienne (les microbes sont responsables de ces maladies contagieuses aussi bien chez l’homme, chez l’animal, que chez la plante).

20 ans plus tard, l’Allemand Koch indique que ces microbes sont non seulement nécessaires mais suffisants au développement d’une fièvre.

Dans les années 1900-1910, Charles Nicolle découvre également que des adultes bien portants sont infectés par les mêmes microbes que ceux qui tuent les enfants. On retrouve également des virus dans les poumons de personnes qui n’ont jamais développé de maladies.

Entre les années 1910 et 1950, les généticiens parlent alors de patrimoine génétique, qui serait la cause du développement de tuberculose ou de maladies telles que la grippe sévère.

2 études ont alors été réalisées :

  • La 1ère consiste à étudier les enfants adoptés. Ceux-ci ont le patrimoine génétique de leurs parents biologiques, mais ils partagent l’environnement de leurs parents adoptifs.
  • La 2nde consiste à étudier la comparaison de la concordance de la maladie infectieuse chez les vrais jumeaux et chez les faux jumeaux. La concordance est de 90% dans le cas des vrais jumeaux et oscille entre 10 et 30% chez les faux jumeaux.

Ces résultats valident l’hypothèse d’une contribution génétique de l’hôte pour expliquer le développement de la maladie.

De 1950 à 1990, il s’agit d’une phase de transition. Puis, à partir des années 1990, Jean-Laurent Casanova, qui est alors pédiatre, avec sa première stagiaire, Emmanuelle Jouanguy, cherche à découvrir les mécanismes moléculaires et cellulaires expliquant le développement d’une prédisposition aux infections à mycobactéries environnementales chez l’enfant. Ils identifient le premier gène qui valide ainsi l’hypothèse.

A partir des années 2000, le laboratoire entame une diversification des thèmes de recherche et la mise en place de projets de recherche sur d’autres infections. Certains individus ne sont en effet sensibles qu’à un seul microbe, quel que soit sa nature (bactérie, virus, champignon), mais pas aux autres. Ils ont ainsi identifié des défauts génétiques pour de nombreuses infections, y compris le COVID-19.

Récemment, Jean-Laurent Casanova et son équipe ont montré qu’une mutation particulière, apparue il y a environ 30 000 ans en Pologne et Lituanie, augmentait la vulnérabilité à la tuberculose. Cette mutation était présente chez 12 % des Européens il y a 3 000 ans. En raison des épidémies de tuberculose qui ont tué environ un milliard d’Européens, la fréquence de cette mutation a diminué à 4 % aujourd’hui​​, toujours chez les Européens.

Dans un second temps durant cette conférence, Jean-Laurent Casanova et Emmanuelle Jouanguy ont évoqué plusieurs thématiques en répondant également aux questions du public :

Mieux comprendre les prédispositions génétiques à des maladies virales


Les chercheurs citent le cas d’une enfant hospitalisée pendant trois semaines pour une grippe sévère, révélant une mutation génétique rare. Cette découverte a mené à l’identification de mutations responsables de maladies respiratoires graves, comme celles causées par le COVID-19. Entre 2015 et 2020, d’autres mutations similaires ont été identifiées, améliorant la compréhension des maladies virales sévères chez les enfants​​.

Le rôle des Post-doctorants dans la recherche médicale

Les Post-doctorants sont des acteurs essentiels de la recherche menée dans les laboratoires, souvent à l’avant-garde des découvertes scientifiques. Ils dirigent de nombreux projets et leur travail est crucial pour les avancées scientifiques dans divers domaines​​.

Financement de la recherche et philanthropie

Les conférenciers ont comparé le financement de la recherche entre les systèmes français et américains. Le modèle de l’Université Rockefeller à New York est souligné pour son efficacité et sa singularité. L’Université Rockefeller finance les travaux des laboratoires de recherche par le biais de 3 canaux : un tiers par le mécénat et la philanthropie, un tiers par les revenus des investissements obtenus grâce à un capital de type endowment (fonds de dotation) à hauteur de 2 milliards d’euros, un tiers par les financements collectés directement par les équipes de recherche.

Découvertes majeures sur la réponse immunitaire rendues possible grâce à l’adaptabilité des instituts de recherche

L’Institut Hospitalier Universitaire Imagine a notamment démontré sa capacité d’adaptation face à la pandémie de COVID-19. En février 2020, un consortium international regroupant des représentants de 50 pays a été lancé pour chercher les causes génétiques des formes sévères De COVID-19, permettant des découvertes rapides et cruciales pour la gestion de la crise sanitaire​​. En septembre 2020, il a aussi été découvert, par l’équipe de Jean-Laurent Casanova, que 15 % des formes graves de COVID-19 étaient dues à des auto-anticorps attaquant le système immunitaire. Environ 100 millions de personnes ont ces auto-anticorps, qui sont aussi responsables de 5 % des formes graves de grippe, 20 % des formes graves de pneumonies, et 10 % des encéphalites causées par des virus​​.

Cette conférence a mis par ailleurs en lumière les nombreux défis et progrès dans le domaine de la recherche médicale et scientifique, en soulignant l’importance de la collaboration, du levier financier et de l’agilité nécessaires pour répondre à des enjeux de santé publique.

Chez Valumen, nous sommes fiers d’être partenaires d’un centre de recherche à la pointe de l’innovation tel que l’Institut Imagine. A travers ce partenariat, nous contribuons activement à accélérer la recherche sur les maladies génétiques, pour transformer la vie des enfants et de leurs familles.
Alors un grand merci à l’Institut Imagine et aux intervenants pour cette conférence exceptionnelle !

 

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